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Qui est Laurent Gervereau,
Mister Local-Global ?


Biographies­ multiples

 

Qui est Laurent Gervereau, Mister Local-Global (surnom apparu dans le monde anglo-saxon en 2010) ? Voilà quelques propositions biographiques. Si elles ne vous conviennent pas, vous pouvez nous en envoyer d’autres (ce texte en français est évolutif).

"Philosophe, écrivain, artiste, cinéaste, historien du visuel, muséologue et directeur d'institutions patrimoniales, activiste de la vie quotidienne, français et voyageur empathique... Laurent Gervereau a tout fait pour être indéfinissable --il y est d'ailleurs parfaitement parvenu" (présentatio­n sur Radio Hong Kong, novembre 2012) 

 

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­En 1956 naît apparemment un individu vite dénommé Laurent, Louis, Jea­n Gervereau. C’est une bouillie inhumaine qui est extirpée au forceps. De ce départ pénible, il tirera probablement une propension à mener des projets ambitieux (ce fut au résultat un très beau bébé) malgré des difficultés terribles et une incompréhension quasi générale. Sans croire au destin, ni à la fatalité : naissance au forceps, vie au forceps. D'un autre côté, n'est-ce pas le lot de toutes celles et tous ceux qui refusent d'accepter l'inacceptable à leurs yeux, qui ne se satisfont pas seulement de jouir des plaisirs de l'existence mais tâchent de peser sur leur époque et veulent laisser des traces ?

Né à Neuilly-sur-Seine, il passe en fait toute son enfance en banlieue ouvrière, à Bobigny, tandis que les frères et sœurs se succèdent. Plus il y a de monde, plus il se sent singulier et solitaire. Il se lève la nuit au bruit des sirènes des 3x8 pour scruter les lueurs des usines au loin. Habitant avenue Henri Barbusse, il va à pied à l'école communale Paul Langevin, en longeant les petits pavillons, les clapiers à lapins, les maraîchers. Désormais, tout son quartier est rasé et remplacé par des tours. N'ayant pas à se plaindre en tant qu'aîné apprécié, il ressent pourtant très violemment les questions d'injustice et ne pourra s'empêcher, sa vie entière, de s'offusquer (sans effet la plupart du temps) devant un fonctionnement de la société à plusieurs vitesses et une Justice parlant un langage étranger au sens commun, devant la dichotomie entre les discours proclamés de certains et leurs agissements au quotidien : l'être-au-monde est un tout.

A l’école communale, lui, venu de la moyenne bourgeoisie, apprend les langues étrangères : en l’occurrence, l’argot balbynien. Il intègre la violence des rapports humains et les différences sociales. Les enfants le traitent de "chinetoque". Il se sent de plus en plus isolé. La relativité s’inscrit en lui à travers cette confrontation violente.

Travaille bien et saute une classe. Ecole de garçons à droite, école de filles à gauche, sans passage. Il aime se déguiser, jouer des personnages, sautant d'empathie en empathie, rêvant de vies multiples.

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Apprend que le monde n’est pas le même suivant la manière dont on le regarde, grâce à sa guerre politico-religieuse familiale : catholiques et maurassiens d’un côté, protestants et gaullistes de l’autre. Il est élevé dans la religion protestante, mais prend la Bible comme la mythologie grecque ou les contes et légendes : avec beaucoup d’intérêt pour l’imaginaire déployé. Ne crois pas en Dieu (ni dans aucune forme d'être supérieur) et est fondamentalement attaché à l'aspect rationnel et expérimental de la science (celle aussi des solutions imaginaires). Cependant, il restera indéniablement marqué sa vie durant par la pensée calviniste --et par l'histoire spécifique des protestants (famille Bost en l'occurrence), massacrés sous Louis XIV, résistants et migrants--, tant dans la structuration de ses options philosophiques que pour ses choix éthiques.

Il se luxe la hanche le jour où J.F. Kennedy se fait assassiner. Suivent des opérations lourdes et nombreuses, et des croche-pieds au lycée de Drancy de camarades rigolards pour ce boiteux perdu qui se traîne. Hait l’humanité en général et le système scolaire en particulier.

Déménage à Versailles, redouble, découvre mai 68 dans la 2 CV de sa jeune prof d’anglais, traîne ses manques affectifs et applique sa violence à la création. Se plonge dans la bande dessinée, s’initie à la littérature et aux essais, se gave de musiques et d’images (pop, jazz, Scriabine, pygmées…), absorbe la télévision noir et blanc et se passionne pour les arts plastiques. Pratique le rugby, l’écriture, la peinture, tombe cinéphile chronique et visiteur acharné de musées. Il déborde d'appétits, a toujours été hors-cadre.

Après un bac scientifique obtenu par miracle, traîne à Sciencepo, puis fait du droit et l’Ecole du Louvre, avant de tout laisser tomber, dont sa famille alors assez étouffante, pour vivre avec une jolie jeune fille (avec renouvellement de bail affectif très durable) dans une chambre de bonne, faire des petits boulots (vente de journaux, livres, employé de banque). Publie de 1976 à 1979 une revue pataphysico-situationniste : Aux poubelles de la Gloire et écrit à cette époque, en dehors de ses activités picturales, "Défaut d'identité", la première partie du grand roman L'Homme planétaire (au sens générique d'homo planetarus), qui sera suivie de "Où suis-je ?" dans les années 1980-90 (finalement publié sous le titre Ce livre n'est pas à lire en 2001 chez Sens & Tonka) et de la troisième partie rédigée en 2002 Mixplanet (adaptée en bande dessinée en 2011 avec l'artiste chinois Xin Ye).

Envisage en 1975 d'émigrer dans le sud-ouest de l'Australie pour fuir la folie nucléaire et technocratique de la France giscardienne. De là date sa conscience écologiste et son aversion pour l'aveugle logique bureaucratique (liberticide et d'autoreproduction). Comme dans l'animisme, il ne se définit pas juste comme un "humaniste" --d'ailleurs, il peut sombrer dans la misanthropie et haïr l'imbécillité autodestructrice humaine--, mais "terraphile" ainsi qu'il le formule vers le milieu des années 1970, c'est-à-dire défenseur de la diversité des humains avec leur environnement terrestre, dans la préservation et l'évolution.

Sa vie durant, il a combiné une rationalité et une logique scientifiques de base avec l'acceptation et la mise en valeur --au nom même de cette rationalité scientifique-- de l'irrationnel, des intuitions, de l'imaginaire. Il a ainsi très tôt des pressentiments existentiels : le refus de la notion de "progrès" pour le "mouvement" ; du "bonheur" pour la recherche des "plaisirs" individuels et collectifs ; de la "croissance" ou du "développement" pour celle de l"adaptation" visant à une harmonie environnementale rétrofuturo évolutive ; de l'"idéal" pour la construction sans cesse réévaluée d'une "éthique" de la vie quotidienne individuelle et des comportements collectifs ici et partout. Bref, une pensée de la relativité --étayée par l'expérimentation et la quête sans fin des savoirs. Il s'agit d'une "curiosité" ontologique basée sur l'esprit critique, contre le relativisme d'un côté (un pessimisme justifiant toutes les attitudes) et de l'autre l'arrêt de l'évolution dans une pensée dogmatique et des sociétés volontairement fermées.

Réussit à n’avoir la carte d’aucun parti, tout en étant très proche des milieux situationnistes et libertaires. Très solitaire et même parfois misanthrope, il observe les attitudes d’égoïsme premier (au mieux à la Max Stirner, au pire les dérives de l’opportunisme amoral) et en comprend les dangers et les limites, comme ceux d’ailleurs du renoncement à vivre monastique (la répétition et l’immobilisme protégeant contre tout choix, toute passion comme toute dépression). Il a vécu au début des années 1970 le tout idéologique, le dogme liberticide broyant les libertés individuelles, puis l’ère du n’importe quoi autour des années 2000, la mort des idées et la sauvagerie du choc des intérêts individuels sur une planète marchandisée. Récusant tout cela, il invente très tôt (1973-74) le concept d’ « égoïsme intelligent », c’est-à-dire une conception du monde où la jouissance individuelle est multipliée, non en jouissant contre ou malgré les autres, mais grâce au partage et à la jouissance collective : le cynisme ou le pessimisme radical battus en brèche sur le simple plan pragmatique de l’efficacité opérationnelle. Le chemin de la vertu sociale par une réflexion sur l’intérêt direct, immédiat, celui de l’intensité profonde des plaisirs. L’hédonisme comme source d’harmonie collective.

Et, au nom de la philosophie de la relativité, de la défense de la diversité, il ne prône pas la révolution (pour une société idéale, dangereuse dans son principe même), les tables rases, la violence, mais les évolutions constantes, la lutte pour la justice et la préservation de l'environnement (son amélioration), la tolérance, la combinaison du passé choisi et des innovations vers un futur voulu dans un mouvement perpétuel. A très tôt compris en effet la relativité. Selon un texte retrouvé de 1974 (empreint de l'emphase fréquente durant la jeunesse) : "Il ne faut attendre ni grand soir ni petit matin. Notre condition et notre chance sont d'agir hic et nunc et d'éprouver (épanouir les sens, découvrir) dans des situations imposées mais en cherchant à les faire évoluer. La relativité consiste ainsi à accepter les contingences et la précarité, tout en voulant --par volonté et stratégie, dans une quête incessante de lucidité-- bâtir des réalités nouvelles désirées (sans autre terme que sa propre disparition)".

Il n'aura jamais d'ailleurs qu'une seule carte (obtenue au début des années 1970) : celle de membre du Collège de 'Pataphysique, après de précieux aînés comme Queneau, Peillet, Ionesco, Dubuffet, Duchamp, Miro, Max Ernst, Paul-Emile Victor, Boris Vian... Ami de Noël Arnaud, Président de l'OULIPO (Ouvroir de littérature potentielle), et d'Eva, il gardera toujours une furieuse tendance à l'indépendance d'esprit --probablement à l'origine de sa démarche "plurofuturo", c'est-à-dire de défense de la diversité dans une volonté d'évolution perpétuelle (tenue par l'exigence et la recherche hédoniste) et de son ferme refus de d'agir en gourou, de créer une secte quelconque, multipliant à cet effet les concepts et les interventions dans des domaines divers. Il développera ainsi, étape après étape, les éléments d'un regard sur le monde, en apparence foisonnant, mais qui sera le même depuis l'adolescence et d'une grande continuité, s'enrichissant de réflexions et d'expérimentations à chaque moment de son parcours et des évolutions planétaires.

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Il entame alors un curieux exercice. S'étant forgé à l'adolescence cette conception généraliste du monde (sa "Weltanschauung" libertaire contre son milieu familial), il va devenir hyper-spécialisé (l'affiche politique dans un musée d'histoire), avant d'élargir son champ de travail progressivement (étude des images, des médias, philosophie de la relativité et pensée socioécologiste). Remplaçant un ami, il entre ainsi avec un emploi précaire le 1er octobre 1978 dans un musée aux collections d’art et d’histoire (le Musée des Deux Guerres mondiales, situé dans les Invalides à Paris mais dépendant du ministère de l’Education nationale).

Après avoir été bibliothécaire-adjoint vacataire, il devient gardien puis magasinier, pour conserver un emploi. Il finit par y déployer une énergie considérable, montant plus d'une quarantaine d’expositions en 23 ans et écrivant sur l’analyse de tous types d’images, dans ce qu’il a fait rebaptiser Musée d’histoire contemporaine. Beaucoup d'initiatives font date, car totalement pionnières. Des catalogues copieux laissent des traces recherchées. De La Propagande sous Vichy à La France en guerre d’Algérie, de l’histoire de l’immigration à Images et colonies, de l’année 1917 dans le monde à l’histoire de la télévision, des utopies et de la science-fiction à l’histoire des affiches politiques, du dessin de presse à la Déportation et au système concentrationnaire nazi, des Sixties en France et Grande-Bretagne ou mai-juin 68 à l’histoire de l’espace yougoslave ou de la Russie et de l’URSS, beaucoup de ces initiatives marquent ainsi (parfois rétrospectivement). Il montre, alors que très solitaire en fait, un goût prononcé pour les aventures collectives et une vraie capacité à inventer des travaux en réseau avec des moyens financiers minimaux. C'est un défenseur de la plus-value étatiqueA titre personnel, ayant commencé comme gardien de musée et magasinier, il parviendra tout de même au sommet de la hiérarchie, comme conservateur général (ce qui est peu fréquent).

Arrivent aussi deux beaux enfants : Antoine en 1984 (l’année d’Orwell) et Pauline en 1987 (pour l’anniversaire des révolutions russes). Son angoisse est suffisante pour continuer à travailler énormément et à publier des ouvrages personnels, tout en faisant un DEA d’histoire à l’Ecole des hautes études en sciences sociales, car il vit dans un pays obsédé par les diplômes et où la nature du travail réalisé ne compte pas.

En 1989, crée de façon prémonitoire une revue-affiche Les Peintres d’histoire (avec Louis Rollinde, Guy Bodson, Jean-Hugues Berrou, Gilles Ghez, Sinono), revendiquant le retour du politique et de l’intime dans la sphère artistique. Il y aura trois manifestations publiques (à l’Institut français de Naples puis à la galerie Gabert à Paris en 1994, au Kubus à Hanovre en 1996). C’est à partir de 1989 qu’il démarre la série plastique intitulée « téléphagies ». Elle succède aux "varia" des tous débuts (1969 à 1973), aux « apparitions » des années 1970 --tableaux, papiers et reliefs en noir et blanc--, aux « cadrages » en couleur des années 1980 et précèdent les "occultations", oeuvres masquées pour restituer la rareté par la difficulté de voir, au temps de la circulation exponentielle des images. Il prône ainsi à la fois l'activisme multimedia des créateurs et la diffusion ("Résistance des savoirs/Knowledge is Beautiful") parallèlement à la réalisation de pièces uniques ("Unik"), rares, difficiles à voir (La Disparition des images, Somogy, 2003 et le catalogue des oeuvres -- de 1969 à 2014, soit 45 ans de travaux-- sur www.gervereau.com).

En 1991, il devient conservateur du Musée d’histoire contemporaine. Il crée alors et préside pendant 13 ans l’Association internationale des musées d’histoire, pressentant l’importance à venir d’institutions multimédias et polysémiques. En 1992, il lance le Groupe d’études sur l’image fixe (dénomination alors inconnue et incongrue, mais qui fera florès), devenant ensuite L’Image puis l'Institut des Images, de manière à affirmer la nécessité de bâtir des passerelles entre les disciplines et les supports, entre la recherche et les lieux de conservation, entre les pays, ainsi que le besoin de repères pour les jeunes et la population en général. Des amis fidèles participent aux activités de L’Image (Christian Delporte, Laurence Bertrand Dorléac, Fabrice d’Almeida, Antoine de Baecque, Philippe Buton, David El Kenz, Serge Guilbaut…) et de très nombreux auteurs de toutes disciplines en France et à l’étranger. Pendant 20 ans, avec constance, et opiniâtreté, souvent dans l’incompréhension totale, la moquerie ou le pillage masqué, il promeut alors, sur un plan international, le décryptage de tous les types d’images (son livre de méthode Voir, comprendre, analyser les images aux éditions La Découverte connaît ainsi de nombreuses rééditions) et la nécessaire prise en compte historique de l'ensemble de la production visuelle humaine : l'histoire du visuel ("Visual History" ou Histiconologia de son nom savant). Il affirme ainsi la nécessité de repères généraux, constatant à la fois les errements dus à des démarches iconologiques ignorant les supports peu "nobles" ou les approches sémiologiques balayant les recherches de contextualisation et produisant ainsi des analyses brillantes mais totalement anachroniques. Tout cela rajoutant de la confusion mentale à la confusion matérielle au temps de l'accumulation indifférenciée et exponentielle des images. lI développe parallèlement et délibérément dans ses pratiques professionnelles une politique de la diffusion, une économie de la gratuité, un usage du don, de la générosité.

En 1998, commence une campagne pour la création d’un Musée d’histoire du XXe siècle, soutenue par tous les grands historiens français ou étrangers et des politiques de droite et de gauche (dans un comité très prestigieux présidé par Jacques Julliard). Cela finit dans les oubliettes des blocages ministériels.

Publie la revue bilingue L’Image, diffusée par Gallimard en France et Harvard aux Etats-Unis, lance les colloques-bilans Où va l’histoire de l’art contemporain ? (avec Laurence Bertrand Dorléac, Gérard Monnier et Serge Guilbaut) et Peut-on apprendre à voir ? (à l’Ecole nationale supérieure des Beaux-Arts, dirigée successivement par Yves Michaud et Alfred Pacquement). Les actes sont coédités avec l'ENSBA, qui diffuse.

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En 1999, il bâtit un Conseil européen des musées d’histoire, soutenu par la Commission européenne pendant 4 ans avec l’action EUROCLIO (site Internet comprenant un module d’histoire européenne par l’image, des expositions et manifestations diverses itinérantes comme « votre histoire est notre histoire » ou « chacun est un étranger quelque part », une revue d’histoire comparatiste prestigieuse Comparare avec aussi bien Eric Hobsbawm, Jacques Le Goff, Bronislaw Geremek, Rudolf von Thadden, Carlo Ginzburg…). Il crée le Conseil français des musées d'histoire (après avoir publié avec Marie-Hélène Joly le premier Guide des musées et lieux d'histoire en France) et prend la présidence à Turin en 2000 du Réseau des musées de l'Europe, club informel et amical d'institutions diverses se retrouvant pour mener des réflexions prospectives et critiques sur des cas concrets de musées à travers le continent.

Il publie aussi avec succès Les Images qui mentent au Seuil (qui deviendra, dans sa version augmentée en collection de poche, Histoire du visuel au XXe siècle) et monte l’exposition et le livre (très vite épuisé) Un siècle de manipulations par l’imagePour les enfants, il réalise un livre avec Cabu Le monde des images. Comprendre les images pour ne pas se faire manipuler (Robert Laffont, 2004).

Il contribue avec plaisir à des expositions artistiques (Face à l’histoire au Centre Pompidou à Paris, La Planète Jorn au Musée d’art moderne et contemporain de Strasbourg, Picasso et la caricature au Musée Picasso de Barcelone ou Topor à Naples et Lisbonne). Il sort Critique de l’image quotidienne. Asger Jorn chez Cercle d’art et (presque) tout Topor chez Alternatives.

Son essai-roman Ce livre n’est pas à lire (chez Sens & Tonka) est sélectionné parmi les 7 romans de la rentrée 2001 par Les Inrockuptibles et France Culture. Il défend, contre toutes les écritures-marketing, la légitimité d’une écriture relative, une Net-écriture mêlant les styles et les genres (en vidéo comme en littérature), et est un pionnier d’une littérature-monde vraiment mondiale dans des formes multimedia : le "crossmedialisme".

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Prend en 2001 la direction du Musée du Cinéma-Henri Langlois, rencontre plusieurs centaines de professionnels dans le monde, monte un projet culturel accepté par tous, mais se fait licencier économiquement à l’arrivée du nouveau ministre en 2002, qui veut abandonner le projet. Garde sa passion intacte pour le cinéma et organise le Moving Images Exhibitions Network (MIEN).

Découvre avec le chômage l’esprit de caste étroit des milieux de la culture en France. En profite pour écrire des cédéroms (Décrypter le visuel), monter des sites internets avec un souci de pédagogie (www.imagesmag.net  ; www.imageduc.net  ; www.primages.net  ), lancer le Baromètre européen des médias soutenu par la Commission européenne (2003), qui inspirera le livre Inventer l’actualité. La construction imaginaire du monde par les médias internationaux (La Découverte, 2004), critique prémonitoire des circuits de l’information et des conséquences de l’arrivée des nouveaux médias.

Décide en janvier 2004, malgré une situation personnelle difficile (chômage sans indemnités), de quitter la présidence de l’Association internationale des musées d’histoire, pour ne pas terminer président-potentat à vie. Frappé alors par la folie humaine, il suit sa route, balaie la bêtise et la médiocrité, remercie quelques ami(e)s fidèles, en profite pour développer créations et productions intellectuelles.

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Devient en mars 2004 Directeur des bibliothèques de l’Agro, et lance en 2005, avec le soutien de la direction, le Musée du Vivant, premier musée international sur l’écologie et le développement durable. Il y systématise la pratique d'une économie de la gratuité, des échanges de dons (dons d'oeuvres et documents, dons de travail et de savoir-faire, dons d'expositions et de films...), de la générosité, des valeurs non-monétaires. Est réélu à Turin en 2005 Président du Réseau des musées de l’Europe. Il lance en Nouvelle-Zélande (décembre 2006) l’Ecology and Sustainable Network (UNESCO-ICOM) et en France le Réseau patrimoine du vivant et écologie.

Il dirige Le musée révélé. L’histoire de France au château de Versailles sur les collections de peintures invisibles du château et participe au conseil scientifique de l’institution, comme d’ailleurs à de nombreux autres en France et à l’étranger (il conseille notamment les musées sud-africains et bâtit en 2004 le congrès mondial à Sao Paulo et Rio : Comment organiser un monde multipolaire ?). En 2006, sort son ouvrage aux éditions du CNRS Vous avez dit musées ? Tout savoir sur la crise culturelle, qui annonce la mutation, parfois difficile, des institutions patrimoniales, leurs nouvelles missions, et la convergence de leurs préoccupations par multi-disciplinarité. Il choisit d'assurer en 2008 le commissariat d'une exposition-photo sur l'Europe au Sénat français avec la Fondation Alinari de Florence et en 2009 la confrontation peinture-photographie "La guerre sans dentelles" dans la Galerie des Batailles au château de Versailles. A la demande de Simone Veil (qu'il respecte profondément : son mandat se finira d'ailleurs avec le sien), il accepte de faire partie du Conseil scientifique de la Fondation pour la mémoire de la Shoah, même s'il considère le mot Shoah comme anachronique. Simone Veil avait inauguré en 1995 l'exposition La déportation, le système concentrationnaire nazi, qu'il avait co-dirigée avec François Bédarida et qui rassemblait, pour la première fois sur ce sujet, la moitié de spécialistes allemands et la moitié de spécialistes français. Se méfie de toutes les instrumentalisations et défend le travail d'histoire.

Co-organise, avec l’Institut des Images qu’il préside également, le colloque «Quelle place pour les images en histoire ?» (avril 2006) et publie avec succès un Dictionnaire mondial des Images rassemblant des spécialistes de tous les continents (275 dans le livre mais plus de 300 en fait). Dans cette lignée, il affirme la nécessité d’une histoire générale du visuel, incluant une histoire de l’art spécifique, qu’il résume dans : Images, une histoire mondiale (Nouveau monde/CNDP, 2008). En mars 2009, il lance avec la Ligue de l'Enseignement un portail d'éducation aux images international sur le Net : www.decryptimages.net  . En septembre 2011, il diffuse sur ce site une exposition gratuite (et publie un livre) : Les images mentent ? Manipuler les images ou manipuler le public. Désormais, les pays étrangers s'intéressent à ses livres. Voir, comprendre, analyser les images est traduit en portugais et diffusé au Brésil, en arabe aussi par une maison d'édition libanaise. Images, une histoire mondiale est traduit pour le monde arabe par l'université du Caire. Les Canadiens reprennent ses thèses, qui pénètrent en Chine (où il est invité). L'histoire du visuel progresse au niveau international avec les développements de la "global history", même s'il recommande d'appliquer une histoire stratifiée et même s'il critique la tendance des "visual studies" aux Etats-Unis à trop souvent ignorer le contexte de production des images et à provoquer ainsi confusion et contresens.

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Après Montrer la guerre ? Information ou propagande (Isthmes, 2005), poursuit ses analyses médiatiques avec : La Guerre mondiale médiatique (2007). Contre la tendance lourde à la déculturation liée à l'écroulement commercial de la télévision, il appelle à une Résistance des savoirs. Réalise le film La Peur des images et le grand  roman : L’Homme planétaire. Il achève l’essai Pour une philosophie de la relativité, défendant le principe de relativité contre le relativisme, la notion d’identités imbriquées au niveau individuel et la nécessité de développements différenciés au niveau planétaire. Il publie fin 2007 D’après nature. Science et fantasmes depuis le XVIe siècle, étude critique des représentations de la nature et de l’écologie (avec mise en exergue de la notion d'"écologie culturelle") et lance télévision en ligne (ecolibtv) et films documentaires (Biodiversités, L'eau, L'arbre, Le climat, Se nourrir...).

Depuis ses premiers textes théoriques publiés dans les années 1970 (avec notamment la revue Aux Poubelles de la Gloire) jusqu'à la philosophie-express des "Moving Signs", Gervereau s'est en effet appliqué à inventer et disséminer des concepts, exactement à l'opposé de la mode consistant à ânonner la même idée déclinée et délayée pour faire image. Il a lutté également contre les discours et les livres-compilations de citations. Il n'apprécie en effet guère cette manie de l'exercice dit "philosophique" qui consiste, non pas à se confronter à l'énonciation directe des idées, mais à se cacher derrière la parole des autres : l'usage compulsif de la citation relève probablement d'une volonté de tenir à distance l'interlocuteur et de se hisser à hauteur d'augustes devanciers. Or --sans occulter les dettes et les influences-- une idée doit être jugée essentiellement à son aspect opérationnel, fût-elle lapidaire et nue. Et nous avons besoin de penseurs-acteurs qui expérimentent ces idées au quotidien en liant théorie et pratique, en se forgeant une ligne d'action fondée sur une éthique choisie et la volonté locale-globale de faire évoluer leur environnement humain et matériel.

Sur cette volonté d'être un penseur prolixe, pratique et théorique à la fois, ouvert et générateur, donnons encore quelques exemples. Laurent Gervereau prend ainsi la présidence en 2007 du conseil scientifique de l’Institut sur les fous littéraires (et artistiques) --dont il démissionnera, après avoir lancé la journée du 1er avril 2009 à la BNF, devant l'attitude sectaire de quelques-uns. Il ressent en effet fortement la nécessité de lutter contre la normalisation à l’œuvre, le nivellement, le fonctionnalisme, la pensée lissée pré-vendue, dans un grand hôpital planétaire : soignez-vous, ne pensez plus ; le monde est dangereux, restez chez vous ; tout a été fait, n’imaginez plus. Dans ce sens, il accepte le commissariat général d'une grande manifestation d'une année en réseau (Rhin-Rhône) avec 16 villes entre France, Suisse et Allemagne pour 2010 : Utopies & innovations (expositions, spectacles de rue, concerts, films en ligne...). A cette occasion, il réalise cinq longs métrages défendant le "cinema espresso" (voir la rubrique "films"), c'est-à-dire en invitant à une "nouvelle Nouvelle vague" grâce à des films se servant du numérique et du Net pour permettre des modes d'expression variés et expérimentaux, comme la précédente "Nouvelle vague" avait utilisé les caméras mobiles pour innover dans les modes d'expression à l'ère du bouleversement de la télévision.

La fin de l'année 2010 est le temps de nombreuses productions. En septembre, il édite ainsi (voir rubrique "livres") cinq ouvrages littéraires, philosophiques et politiques. En décembre à Belfort, est organisée la première rétrospective des cinq films longs-métrages de ce qu'il a donc appelé "cinema espresso". Ils ont été montrés en avant-première durant toute l'année 2010 à Arc et Senans, à Dijon, à Yverdon, à Neuchâtel, au Creusot. La sortie en salles se fait en janvier 2011 avec la projection d'abord de "L'info est-elle comestible ?" au Reflet Médicis à Paris à partir du 12 janvier. Les films circulent (ouverture du FIPA à Biarritz fin janvier 2011). Il réalise en tout 8 films longs-métrages, regards sur son environnement planétaire, questionnements du local-global, autofictions dans des formes volontairement diverses.

Ayant circulé sur tous les continents pour des conférences ou afin de conseiller des institutions patrimoniales, il écrit un ouvrage à son retour de la forêt guyanaise, Vers une écologie culturelle, insistant sur les notions de développement différencié, de progrès relatif, d'histoires ramifiées. Ayant refusé la notion d'"exception culturelle" pour promouvoir celle de "diversité culturelle", il insiste aussi sur l'importance de diversifier la diversité, qui implique le choix individuel et l'évolution, contre de simples conservatoires séparés de cultures communautaires figées. Accepte la vice-présidence de la Fondation René Dumont, par admiration pour cet esprit indépendant et visionnaire (et une affection profonde pour Charlotte Paquet-Dumont), tout en défendant une "écologie critique". En janvier 2009, face à une crise financière qui est aussi une crise de modèles, il publie en ligne un court essai prospectif incisif prenant en compte nos identités imbriquées : Un monde micro-macro. Penser l'ubiquité et la disparité. Début 2010, il clôt cette série de réflexions par Renverser le monde, invitant à regarder aussi à partir d'autres endroits que l'Europe et l'Amérique du Nord pour trouver des pratiques économiques et de vie quotidienne dans une inversion des points de vue et un respect de toutes les pratiques. Bénéficiant des travaux réalisés au Laos et en Mongolie (mais aussi de ses déplacements successifs au Japon, au Mali et en Inde), il dessine ainsi les nouvelles attitudes en réseau de spectateurs-acteurs (dépassant la "société du spectacle" à l'heure télévisuelle), d'individus singuliers-pluriels. Parallèlement, il réalise un travail photographique d'anti-tourisme en Mongolie. Enfin, en 2011, il écrit Une Histoire générale de l'écologie en images, de la préhistoire à nos jours, qui remet dans une perspective longue et exigeante la notion d'écologie (diffusée massivement en expo virtuelle en ligne et aussi sous forme de livre papier).

Pendant l'été 2011, il achève Halte aux voleurs d'avenir !, synthèse d'idées pour continuer à bouger le monde (préface de Willem, postface d'André Stas), luttant contre la résignation et le "vol du futur", démarrant les activités d'une nouvelle maison d'édition (éphémère) en ligne lancée par un collectif jeune : www.fauteuiltronik.com  . Considère qu'il faut retourner à la dimension locale pour bouger le mondial avec la préoccupation d'un modèle de création et de savoir, de justice et de durabilité environnementale dans une volonté plurofuturo : plurielle et évolutionniste.

En 2011 toujours, il diffuse avec le site www.decryptimages.net    l'exposition gratuite Les images mentent ? Manipuler les images ou manipuler le public, qu'il a conçue. Il essaie aussi de secouer un peu les consciences pour que la présidentielle française ne soit pas inutile et qu'on ouvre les yeux sur les transformations du monde en réévaluant la place du savoir et de la création dans la société. Il a achevé parallèlement le montage de En attendant l'hiver... Climat et vie quotidienne chez les Inuit (tourné au Nunavik en novembre-décembre 2010 et plébiscité par les Inuit et les Québécois) et achevé POLITICALLY INKORECT ! Noël Arnaud et Dada, Jarry, Picasso, Jorn, Duchamp, Debord, Vian, l'Oulipo..., projeté en avant-première lors de l'exposition sur Guy Debord à la Bibliothèque nationale de France (avril 2013). A aussi organisé avec Christian Delporte en octobre 2012 le congrès mondial Patrimoine de l'écologie et écologie du patrimoine, qui doit aider à bousculer le fonctionnement des institutions.

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Conclusion provisoire : faire du sens, tenir sa ligne, inventer, éprouver

Tentons de résumer cet être vibrionnant (tant qu'il le pourra...), par angoisse sûrement, mais aussi appétit de vie et conscience chevillée au corps --depuis l'enfance-- de notre condition à la fois heureusement et douloureusement éphémère.

Scientifiquement, il a cherché à abolir des barrières qui n’ont plus de sens à l’heure d’Internet. Il a d’abord inventé une indispensable histoire générale du visuel : l'histiconologie ou histiconologia à travers de nombreux livres et un site : wwwdecryptimages.net. Méthodes d’analyse des images, colloques, revue bilingue, dvds, pétitions pour introduire « apprendre à voir » à côté d’ « apprendre à lire » dans le système éducatif, il n’a pas ménagé sa peine pendant plus de 30 ans. Il sait que tout cela s’imposera naturellement mais, au-delà des bonnes promesses sans suite, les lourdeurs d’un système éculé et les conservatismes institutionnels bloquent des évolutions inévitables tenant à une planète culturellement en profonde mutation.

Sa position atypique dans un musée d’histoire aux collections hétérogènes en prise avec les questions brûlantes du XXe siècle ont naturellement favorisé par ailleurs sa réflexion sur la science historique. Créant en 1991 l’Association internationale des musées d’histoire qu’il préside pendant 14 ans avant de prendre une retraite volontaire bien méritée, il mène une vraie remise en question pratique à travers les expositions qu’il réalise et les congrès internationaux qu’il organise. Il encourage ainsi résolument le comparatisme et l'histoire stratifiée du local au global, tout en affirmant le besoin de requalification, de repères, contre la confusion généralisée dangereuse. Il critique violemment –et de façon très solitaire, il faut le dire— la vogue de la « mémoire », qui est une manière d’instrumentaliser l’histoire. Or, les mémoires sont plurielles et défient naturellement la rationalité. Du coup, elles contribuent à fractionner les sociétés en autant de communautarismes tranchés.

Alors, au « devoir de mémoire » claironné, il oppose le « besoin d’histoire », démarche critique et évolutive seule à même de rassembler les populations autour d’un passé questionné. Marginalement, il considère –là aussi avec beaucoup de solitude—que l’emprise réactionnaire sur la télévision française est anormale, quand le service public tente de faire de l’audience dans le culte des rois et des palais. Il ne prône nullement une histoire des peuples contre l’histoire des dirigeants –ce qui serait une idéologie contre une autre—mais une histoire globale des sociétés prenant en compte les deux et ne négligeant nullement les disparités locales (vivre en Xaintrie au XVIIe siècle n’est pas vivre à Versailles, d’ailleurs vivre dans le château n’est pas vivre autour du château). Il récuse aussi ce fameux « roman national », invention nécessaire pour rassembler au XIXe siècle mais qui n’a plus de valeur aujourd’hui car il n’est qu’un moment du temps long du territoire : s’y raccrocher comme à un paradis perdu dans la nostalgie intégrale est pathétique (comme le mythe du petit village rassemblé autour de son clocher au temps de l’urbanisation et de l’industrialisation). Cela caractérise une pensée débilitante incapable de prendre en compte l’ensemble du passé national pour construire un projet commun local-global, fait de fiertés locales légitimes et d’empathies et de solidarités globales nécessaires. De plus, Gervereau considère aberrant de faire de l’histoire fermée et d’ « oublier » les influences et les échanges (en Europe et hors d’Europe en l’occurrence) : refuser l’histoire des puissants, refuser l’histoire bornée.

Intellectuellement, il a promu, à travers la philosophie de la relativité, une pensée en rupture avec les classifications du XXe siècle ayant perdu tout sens dans un monde où la diversité doit être défendue et multipliée, dans une revivification, par les individus en réseau, du mouvement, de l'imagination, de la transformation. Il a théorisé nos identités imbriquées à l'ère de l'ubiquité (nous vivons entre nos perceptions directes, le directement visible, et nos perceptions à distance). Pas de planète globalisée, d'idéal figé, de temps arrêté, d'uniformisation, non, une Terre relative liée et éclatée à la fois (économies et cultures diversifiées), bousculant les notions de travail et de loisir, insistant sur un travail équitable, des entreprises éthiques et des administrations efficaces, avec une nouvelle forme de consommation active et durable (les nouveaux consommateurs-acteurs) : Ici et partout. Trois essais d'écologie culturelle

Sur le plan de ses créations artistiques (plastiques, films, romans, théâtre…), il a soutenu un travail de l’innovation, de la fantaisie, des marges, avec des écritures intriquées ("Net-écriture", films-frontières et "cinema-espresso"), contre les effets pervers de l’ego-histoire et de la pensée-marketing. Il alterne les supports (vidéo et peinture, écriture et Internet...) dans un travail de diffusion indépendant (images, estampes, livres, films...) et une recherche de l'exigence et de la rareté (les pièces de création plastique Unik ) contre le déversement indifférencié du n'importe quoi dans la consommation passive ignorante de tout repère. Le 19 octobre 2013, il commence des petites artkronik local-global, installées sur Dailymotion, mêlant humeurs, humour, grattouillis visuels sur papier, résidus d'images, musique parfois, ready-made chantés..., en courtes vidéos. Il les développe à partir de juillet 2014 dans son atelier de Xaintrie avec des toiles de grand format (minimum 2m x 2m) accompagnées de courtes vidéos : alteractu, réponses dérisoires au bombardement médiatique dont nous sommes l'objet. Parallèlement, un catalogue raisonné des oeuvres retrouvées depuis 1969 est mis en ligne sur ce site (dans "arts plastiques") et publié en version papier (2014).

Il adopte ainsi aussi pour sa production artistique son surnom anglo-saxon (datant de 2010) de Mister Local-Global. C'est d'ailleurs sous cette dénomination qu'il signe son aventure musicale MusiK BotaniK réalisée en 2014 avec Stan Refet et l'amicale participation d'Areski, Catherine Le Forestier, Michel Dintrich, Yann Molenat.

Enfin, politiquement, constatant les effets pervers d'une société bloquée et oligarchique en 2010 --la nécrose théorique et pratique française--, il accepte de défendre les socio-ecolo-evolutionists (SEE, www.see-socioecolo.com  ), initiés au Brésil et au Canada, ces plurofuturos qui veulent réinventer leurs existences expérimentales avec des solidarités planétaires fondées sur la justice, la durabilité, la diversité (biodiversité et culturodiversité), pour lesquels il rédige des textes et brochures : SEE. Un réseau d'écologie sociale, critique, expérimentale, diverse, évolutive ou GOUVERNER. Les invisibles prennent la parole. Il prend en 2011 la présidence du SEE-socioecolo Network, pensant que devant les crises et les discours d'impuissance, devant l'impasse entre nationalisme bunkerisé et globalisation aveugle, il devient essentiel d'agir et de peser politiquement sur le devenir collectif. Il promeut dans ce sens lors de la campagne électorale française de 2012 une véritable éducation culturelle et une nouvelle vision pluraliste de la culture dans la société : cultures de tous, cultures pour tous ! Il rédige : Le local-global. Changer soi pour changer la planète, défendant, contre les néoréactionnaires, une conception pluraliste et évolutionniste qui va de choix individuels à l'organisation terrestre : nous sommes en effet désormais de facto toutes et tous des spécialistes-généralistes. Les économies comme les histoires sont stratifiées, à niveaux différents, avec des données mesurables et non-mesurables. Elles dépendent aussi de la psychologie sociale et des attachements locaux.

C'est bien cette réalité singulière-plurielle qui doit désormais occuper chacune et chacun sur une planète nécessairement solidaire et pas uniformisée (MULTITERRA), rassemblant les "multi" (BE MULTI !) : biodiversité et culturodiversité, local-global et rétrofuturo, unité de destin planétaire et variété infinie des choix particuliers sur une Terre occupée depuis l'origine de mutations et de migrations. Les Rencontres-Promenades "Histoires de passages..." en juillet 2015 virent émerger les thèses défendues de longue date par Laurent Gervereau et qui caractérisent les multiterriennes et les multiterriens. C'est là que le refus de l'émiettement planétaire intégral dans une querelle des égoïsmes s'est clarifié : planète diverse mais évolutive et solidaire. Attachement au local --réveil du local-- mais dans l'échange global et non dans la fermeture communautariste haïssant les différences.

Par ailleurs, de la même manière qu'il est absurde de considérer l'être humain hors de son environnement ou de vouloir soigner le corps en évacuant l'esprit, les quantifications économiques sont à repenser entre la part d'administration des intérêts collectifs (et son efficacité mesurable sous divers paramètres), les entreprises du domaine marchand avec des règles de fonctionnement environnemental et éthique (un marché avec des règles) et tous les échanges des domaines pécuniaires ou non pécuniaires allant du secteur coopératif aux associations informelles pour une économie de la gratuité. C'est bien une refondation totale des critères et de l'organisation qui doit être réalisée, partant des résultats attendus pour en tirer les conséquences en terme d'évaluation et de structuration. L'inverse de l'absurdité actuelle où des mesures très partielles justifient des résultats totalement insatisfaisants pour tout le monde : les déséquilibres sont malfaisants --déjà sur le simple plan de l'efficacité économique. De même, sur le plan politique, le sondage a remplacé le vote, les peuples sont peu consultés même sur des sujets de vie quotidienne et peu d'habitants votent sans vrais choix : nous sommes entrés dans des démocraties d'affichage avec recul de la liberté d'expression.

Dans ce sens, en 2013, partant du raisonnement que les transformations éthiques et pratiques indispensables ne peuvent venir que d'un retour au local (correspondant également aux phénomènes de décrochage, de volonté de vivre ici et maintenant : SUBITO !), il lance sur www.globalmagazine.info  la CoopCultu. Cette coopérative culturelle gratuite vise à signaler toutes les initiatives culturelles au sens traditionnel mais aussi les organisations économiques sociales, solidaires, écologiques, de la gratuité... Il s'agit de permettre à l'information de circuler en réseau sur le vivre-en-commun innovant. Il lance également, de façon complémentaire, en vidéo sur www.decryptimages.net    le magazine culturel indépendant mensuel [decryptcult] (juillet 2013), qui cherche lui aussi à valoriser les innovations du vivre-en-commun, à brasser les générations, à mêler acteurs de terrain, savants et créateurs, et à faire modèle pour que d'autres développent ainsi des médias-relais. Et il se résout en partie à se mettre en scène, ce qu'oblige toute présence publique (ou privée d'ailleurs), au sens du "character" d'Orson Welles.

N'appartenant à aucun "milieu", il apparaît cependant pour beaucoup nulle part. Cela a permis d'ailleurs à l'Etat français de le sous-payer pendant des années (il reste "magasinier" de 1978 à 1991 en faisant un travail de "conservateur" ; sous prétexte de détachement au ministère de l'Agriculture, il fait pendant 10 ans un travail de "conservateur général" en restant "conservateur en chef"...). Son indépendance est donc totale et son mépris est grand, mais il n'en conçoit aucune amertume : l'argent n'a jamais été le but de sa vie (au-delà de la précarité qu'il a connue, l'argent n'existe vraiment que par ce qu'on en fait) ni la "célébrité" (très relative aux raisons qui la motivent). Il tente donc principalement de peser sur son temps et de lutter contre la médiocrité ambiante, en poursuivant résolument des actions généreuses : et si nous regardions enfin notre France-Monde en face ? Et si ce pays redevenait capable de construire le futur, de se remettre en mouvement avec les autres ?

Il ne peut se résoudre en effet à cette spécificité locale, à savoir l'ambiance délétère hexagonale à son époque, due à une petite oligarchie autoreproduite, veillissante, s'accrochant jusqu'à la mort à ses privilèges, marquée par l'échec et le mensonge mais ne dételant pas, sans aucun renouvellement (prenant des jeunes qui sont déjà des clones obéissants médiocres). Dès 2005, il avait d'ailleurs dénoncé le vol du futur dans une nostalgie forcée écoeurante (Bas les pattes sur l'avenir ! publié chez Sens & Tonka) : la nécrose dans les inégalités croissantes et l'avidité insatiable des mêmes autoreproduits --économie-media-politiques entremêlés-- autour du pouvoir (apparent) et de l'argent. Face à cela, il prône ouvertement et courageusement ("Nous sommes tous des Africains !" sur globalmagazine.info, puis avec "France-Monde" sur Facebook) le retour de l'expérimentation et un antiracisme évident, naturel, logique, totalement décomplexé, contre les adversaires du rayonnement français, ces partisans d'un hexagone fermé, d'une France rabougrie et peureuse. Jamais se résoudre, jamais tarder et harceler les résignés théoriquement et pratiquement : le décrochage (DROP) et le réveil (WAKE UP !)  pour réinsuffler le mouvement à la base toute de suite (SUBITO !), de manière à construire les sociétés des choix individuels et collectifs (CHOOSE !) pour rétablir l'espoir (HOPE)..

La question n'est en effet plus la lutte des classes ou le colonialisme, car l'argent hyperconcentré règne et les modes de vie de la consommation de masse à l'occidentale acculturent la planète. Non, il est dans le grand décrochage à la base par le refus du tout-marchand et de la robotisation des comportements grâce à la défense des savoirs pratiques et théoriques ("Knowledge is Beautiful !") pour des choix individuels et une pleine conscience locale-globale, reprise en mains du vivre-en-commun de proximité avec une solidarité planétaire nécessaire concernant les grands enjeux environnementaux (matériels et culturels).

Certains surnomment désormais le personnage vibrionnant et imaginatif avec une ironie tendre : "le plus gros iceberg du XXIe siècle". Il est stupéfiant en effet d'avoir travaillé pendant 30 ans sur le monde nouveau des images, la philosophie de la relativité, les humains planétaires et leurs identités imbriquées, l'histoire stratifiée, l'écologie culturelle, la fracture générationnelle et la conjugaison des générations, le retour au local et le local-global, le refus du "progrès" mais l'éloge du mouvement, la normativité surveillée abrasant les diversités culturelles et les libertés individuelles au nom de ce "progrès" et de la sécurité (avec régression démocratique quand le sondage remplace le vote sous la pression du news marketing), sur l'émergence des sociétés de spectateurs-acteurs, sans que ces idées n'aient été réellement visibles dans les médias intermédiaires, même pour être contestées. Surnommé Mister Local-Global (défendant l'homo relativus contre l'homo pyramidus né aux Néolithiques et l'homo economicus de la globalisation industrielle), cet inventeur inlassable de concepts expérimente la solitude du penseur de fond à l'ère de la profusion et de la confusion. En juin 2015, Mister Local-Global accepte symboliquement de devenir "citoyen du monde" en souvenir d'Albert Camus ou de Stéphane Hessel, car il pense depuis longtemps que le fédéralisme planétaire est une priorité absolue.

Mais il se fait désormais un titre de gloire à défendre d'avoir suffisamment dérouté, irrité, fait peur et provoqué la jalousie, pour être parvenu à n'avoir aucun de ces hochets de la consécration venant avec l'âge, même dans des circuits parallèles comme le Collège de 'Pataphysique (s'il dure encore un peu, il conviendra désormais de veiller à ne pas subir l'embaumement tardif des gâteux : ce qui n'a pas été donné en temps utile ne doit pas l'être quand cela ne sert plus à rien qu'à affirmer l'aspect pré-macchabée). Et il forme ainsi, par ses intuitions de longue date, son refus obstiné des facilités lâches et médiocres de son époque, la constance et la polymorphie de son oeuvre, une utile balise de la dérive des continents définissant de nouvelles aventures contemporaines.

Il a en effet analysé très tôt le changement d'échelle des activités humaines avec la dimension locale-globale, l'ubiquité constante et le paradoxe de l'hyper-concentration et de l'hyper-visibilité face à l'immense majorité des totalement invisibles qui font pourtant la quasi totalité du tissu local. Nous sommes bien au-delà du simple "spectacle",  nous sommes dans la perte totale des repères et les sociétés du contrôle (par la policiarisation des imaginaires et l'embrigadement médicalisé du quotidien). A l'ère du Net, la violence et le polar ou le fait divers partout comme moteurs sécuritaires ; les individus-statistiques épiés à tout instant pour être des consommateurs serviles ; la régression de la liberté d'expression partout sous la pression des religieux, des commerçants, des politiques. Jamais la question de la démocratie de l'information n'a alors été aussi essentielle, quand le nivellement, l'abêtissement, l'embrigadement servent les logiques idéologiques, religieuses ou commerciales d'assujettissement des individus instrumentalisés pour le profit de quelques-uns. Le relativisme sert les puissants, quand la relativité est un combat pour le choix, le savoir, la tolérance ("Résistance des savoirs") : sortir des sociétés-confettis avec des individus aux consciences brouillées, grâce à l'éducation à tout âge et à la recherche incessante des connaissances pour des choix conscients et des stratégies collectives éclairées.

Dans un tel contexte, le rôle des médias intermédiaires se révèle très insatisfaisant et déformant par un danger croissant dû à l'hyper-concentration face à l'hyper-éparpillement (voir le film SPECTATEUR). Ils sont survalorisés par rapport aux millions de médias individuels dans lesquels on ne peut faire le tri : l'abondance n'est pas le choix. Gervereau théorise depuis les années 2000 le paradoxe suivant : le temps de la surabondance est celui de l'invisibilité, de l'oubli et du conforme. Sa critique acerbe sur les médias intermédiaires correspond ainsi à sa mise en évidence des graves dysfonctionnements de ce qui est nommé "démocratie", en tout cas de l'exercice des libertés : la crise grave du fonctionnement démocratique est aussi une crise des modes de sélection et de circulation de l'information.

A ce sujet, il faut noter que les médias intermédiaires sont de santé précaire et vivent d'une "actualité" très restreinte, répétitive et destinée à vendre : au-delà de la seule question de la dépendance publicitaire ou des aides étatiques, au temps du news marketing, il faut vendre les nouvelles. De plus, deux phénomènes se sont fortement développés pour ces raisons d'audience : la "convergence médiatique" (il faut parler de ce dont tout le monde parle, avec des hystéries successives sujettes à orchestrations) et la "déformation médiatique" (il importe, non pas d'analyser, mais de chercher ce qui choquera ou fera du scandale dans chaque "événement" choisi). Ce ne sont donc aucunement des interfaces entre la multitude des expressions et la multitude des réceptions. Avec un tel commerce de l'information, nulle remontée en effet de ce qui se fait ou de comment cela se fait. Les médias intermédiaires ne reflètent pas, ils utilisent pour leur profit ce qu'ils décident être de l'actualité, en se copiant. Nous vivons avec de puissants agents déformants, lunettes géantes pour loucher sur le monde.

Au sein d'un pareil environnement, est-il possible de développer, hors de l'invisibilité totale, une pensée indépendante, résistant aux modes intellectuelles et au vomitif déversement de l'intime ou de l'horreur ? Des idées structurées peuvent-elles circuler en étant identifiées, repérées, hors du brouillage généralisé, du pillage, du n'importe quoi, des textes diffusés et jamais lus, de l'obsolescence programmée ? Voilà la résistance nécessaire désormais : des disparus en réseaux horizontaux, des anonymes associés, une fédération des invisibles. Le tout-mémoire a abouti au tout-oubli quand les repères ont disparu et que règne la déqualification. Si chacun obtient son quart d'heure de célébrité selon la formule d'Andy Warhol, qui peut défendre une pensée valable plus d'une demi-heure ?

Laurent Gervereau aura décidé en tout cas à titre personnel de refuser d'imposer une image de marque facile et réductrice, slogan pour se vendre. En effet, au temps des personnages-logos pour bourrage de crânes fondé sur un emploi médiatique déterminé, construit et usé jusqu'à la corde, il déroute volontairement en intervenant dans des domaines différents et en apportant une multiplicité de concepts (comme avec cette biographie foisonnante et parfois volontairement répétitive), seul moyen à ses yeux de rendre compte de la réalité unique-multiple planétaire. De toute façon, tout habit est un déguisement et toute apparition publique une mise en scène.

Alors, ces aventures contemporaines apparaissent "plurofuturos" (plurielles, expérimentales et évolutives, en utilisant l'exigence et le sens critique) dans un nécessaire tri "rétrofuturo". Tri entre ce que nous choisissons de conserver du passé et notre appétit de transformations, tri qui rejette autant l'idée totalitaire du "modernisme" (il faut appliquer partout un modèle du "progrès" uniforme qui arrête l'histoire dans la perfection réalisée) que la vision dépressive d'un "postmodernisme" (l'invention et l'innovation sont derrière nous ; l'échec du modernisme interdit désormais toute transformation sociale et valide les injustices en place comme un moindre mal à subir) ou bien-sûr la pensée "monorétro", c'est-à-dire le culte d'un système conçu hier idéalisé (religieux, philosophique, politique) devenant un dogme à appliquer partout de façon intangible. Petit bréviaire : agir sur le proche en résonance avec le lointain (PPLG, phalanstère de productions locales-globales), jouir du fini dans l'infini, toujours refuser l'arrêt de l'histoire et les théories de l'impuissance, prendre conscience de la valeur des échanges non-monétaires (ECONOMIE DE LA GRATUITE, PLUS-VALUE HUMAINE) pour le nouvel "homo relativus". Avec pragmatisme et volontarisme, imagination mais défiance devant l'illusion prométhéenne ou la tentation de l'eugénisme (méfions-nous de toute "perfection", humains sélectionnés et robotisés pour durer, planète "optimisée", sociétés du contrôle, grand hôpital planétaire), inventer son chemin, ouvrir des routes contre vents et marées, disséminer des signes.

Il résume fin 2013 cette vision des nouvelles fractures philosophiques et politiques dans le monde actuel avec le livre Tu es plurofuturo ?, complété et proposé début 2015 en anglais, chinois, français et arabe avec les universités du Caire et de Hong Kong.

Notre époque ? L'ère de la relativité consciente nécessaire (philosophie de la relativité) dans le temps et dans l'espace : retrofuturo et locale-globale. Les vrais clivages ? La partition entre les tenants d'une conception de l'être-au-monde arrêtée (avec un savoir fermé et figé : le dogme) et axée généralement sur des options héritées du passé (monorétros) contre celles et ceux prônant le mouvement expérimental perpétuel dans la défense des diversités par des choix éclairés (éducation critique et recherche perpétuelle des savoirs), ayant pour base la solidarité terrienne indispensable et les libertés individuelles (plurofuturos). Pas de "développement" ni de "progrès" mais du mouvement partout dans un tri rétrofuturo (entre innovations et conservations choisies), pas de "croissance" mais des évolutions diversifiées en réseau dans des solidarités locales-globales nécessaires : MULTITERRA. Si le personnage laisse une leçon, elle se résume ainsi à l'aspect philosophique de la relativité --leçon de tolérance enfin assumée--, en l'inscrivant dans un impératif d'exigence individuelle et de mouvement perpétuel au sein d'aventures collectives (le big-bang du choix des valeurs pour les MULTI, du croisement des civilisations et de la navigation dans l'espace-temps à travers le local-global et le rétrofuturo). A l'ère d'Internet, apparaît ainsi clairement --pas suffisamment dans l'espace public-- le moment de l'opposition entre deux modèles : les sociétés du contrôle et celles du choix des spectateurs-acteurs (CHOOSE !).

Laurent Gervereau souhaite désormais pérenniser et rassembler les trois axes de ses activités : l'axe artistique (arts plastiques, vidéo, films...), l'axe scientifique (histoire du visuel et analyse d'images), l'axe philosophique et politique (littérature, philosophie de la relativité, SEE-socioecolo Network...). Luttant contre l'hyper-concentration parisienne (qui nuit d'ailleurs à des institutions subissant le trop-plein d'offres), il cherche à le faire matériellement dans le sud-ouest de la France : une partie de sa famille est originaire de La Force près de Bergerac et il est habité par une empathie pour les gens (la plupart...), doublé d'un amour des senteurs, des paysages, de la gastronomie de cette région où il pérégrine depuis l'enfance. Il a basé son atelier sur les bords de la Maronne à Hautefage dans le sud-Corrèze avec un contexte de nature protégée exceptionnel. Là, il travaille à développer, avec institutions publiques et pratiques participatives dans une économie de la gratuité, sa "Cité des points de vue" (titre aussi de sculptures devant circuler sur la planète), lieu d'échanges et de diffusion sur le monde des images et la création locale-globale liée au développement durable, qu'on pourrait résumer en : images, durabilité, échanges locaux-globaux. Cette Cité pourra alors rassembler : la Fondation FOLOGLOGERI (Fondation Locale-Globale Gervereau pour les Images) avec archives, recherches et pédagogie sur le visuel (www.decryptimages.net  ) ; les aspects philosophiques et pratiques sur une écologie en débats avec MULTITERRA et le SEE-socioecolo Network (www.see-socioecolo.com  ), favorisant toutes les expérimentations matérielles et sociales du développement durable ; le Phalanstère de créations (plastiques ou autres) PPLG (Phalanstère de Productions Locales-Globales), abritant les propres activités créatives de Laurent Gervereau (qui vont devenir l'essentiel de ses occupations après la retraite du travail salarié) et l'accueil de nombreuses initiatives d'autres créateurs dans tous les domaines, voulant jouer ce dialogue entre le local et le global à travers des oeuvres UNIK et d'autres de diffusion massive.

Un lieu vivant, innovant et "vert", ancré dans le tissu local, pédagogique, culturel, jouant la synergie avec l'économie de proximité, tout en permettant un rayonnement national et international et une attractivité touristique raisonnée. Tout cela sera à étudier et peut-être faudra-t-il séparer les activités, en confiant le volet "images" et les archives à une institution publique, en créant une association puis une fondation pour les créations plastiques et autres, en laissant un réseau informel et amical international pour la coopérative de réflexions socioécologistes. De toute façon, l'idée est de pérenniser et transmettre à des personnes sérieuses, compétentes, passionnées et motivées, en réseau local-global. Voilà déjà la raison d'être des Rencontres-Promenades "Histoires de passages..." créées en juillet 2015.

Pour l'instant, il fait vérifier sa santé. Plus que jamais, regarde l’essentiel et reste stupéfait par la cécité, la bêtise, la médiocrité, tout en restant persuadé des potentialités individuelles considérables et souvent gâchées. Appelle aux prises de consciences et à l'expérimentation, à la générosité. Prône la Résistance des savoirs (une K-Pride : Knowledge is beautiful !), diffusée à travers les 47 signes proposés sur ce site (sorte de petit kit philosophique). Leur principe vise à fonder les choix individuels sur l'éducation, la recherche et les apprentissages à tout âge dans le respect des savants et des créateurs. 

Considère qu'il faut passer de la société du spectacle aux sociétés des spectateurs-acteurspar le développement de médias-relais par rapport aux médias de base et aux médias intermédiaires traditionnels (forcément limités dans leur offre et souvent répétitifs). Répétons-le : l'abondance tue le choix. Se pose alors la question de la qualification des informations et celle --tout simplement-- de la démocratie de l'information. Elle n'existera pas tant que, face aux médias intermédiaires hyper-sélectifs par nature, il n'y aura pas eu développement de médias-relais valorisant en réseau des initiatives sélectionnées venant de la base. C'est bien le sens de l'expérimentation du vidéomagazine culturel [decryptcult] ou de la CoopCultu sur globalmagazine.info. Mais il faut multiplier cela dans tous les domaines. Avec un retour au local. Là encore, l'exemple consiste dans les Rencontres-Promenades annuelles "Histoires de passages..." à Argentat sur Dordogne à partir des 17-18-19 juillet 2015, dans un rapport local-global.

Habite désormais en partie avec une Apache près des vignes de Montmartre et se réjouit de l’arrivée et de l'épanouissement d’un petit mongol, Victor. Se sent très parisien ou très occitan ou très inuit ou très futunien, très heureux en Xaintrie aussi, en fait très français parce que très internationaldans cette France-Monde (voir Facebook) qui veut continuer à porter des messages universels. A pris date. Vit sans regret pour avoir toujours tenté de peser sur son présent, malgré tous les écueils. Ne cherche pas à durer pour durer, veut jouir de la vie, agir, découvrir et garder son indépendance d’esprit.

Une fois hors d'usage, souhaite que son corps soit jeté à la mer (vers l'île de Molène, par exemple) pour nourrir les poissons ou enterré au cimetière Saint Vincent à Montmartre (ou à Hautefage en Xaintrie) avec une plaque simple et logique : "je vivrai en vous".